Le pétrole sous pression : l'ombre de la Fed plane sur la demande
Les prix du pétrole sont repartis à la baisse ce jeudi, reflétant des craintes renouvelées sur la demande énergétique mondiale. Cette réaction survient après que la Réserve fédérale américaine (Fed) a signalé un ralentissement dans le rythme de ses baisses de taux prévues pour 2025, suscitant des doutes sur les perspectives de croissance économique.
Un impact direct sur les marchés pétroliers
Le Brent, référence mondiale, a reculé de 29 cents pour atteindre 73,10 dollars le baril, tandis que le West Texas Intermediate (WTI) a cédé 16 cents pour se stabiliser à 70,42 dollars. Ces pertes effacent les gains réalisés la veille, qui avaient été alimentés par une baisse des stocks de brut aux États-Unis et l’espoir d’un assouplissement monétaire de la Fed.
Cependant, les dernières projections de la Fed, annonçant seulement deux réductions d'un quart de point des taux en 2025, ont refroidi l'enthousiasme des investisseurs. Cette révision, plus prudente qu’attendue, suggère que la banque centrale reste vigilante face aux pressions inflationnistes.
Pourquoi le pétrole souffre-t-il des décisions de la Fed ?
Selon Harry Tchilinguirian, expert chez Onyx Capital Group, un maintien prolongé des taux d’intérêt élevés renforce le dollar américain, ce qui crée des vents contraires pour les matières premières comme le pétrole. "Un dollar plus fort alourdit le coût des matières premières libellées en dollars pour les acheteurs étrangers, tandis que des taux élevés freinent la croissance économique, et donc la demande énergétique", explique-t-il.
Un équilibre fragile entre offre et demande
Du côté de l'offre, le géant chinois Sinopec anticipe un pic de la consommation pétrolière en Chine dès 2027, un signe que la demande mondiale pourrait atteindre ses limites plus tôt que prévu. Par ailleurs, les prévisions de croissance de la demande de pétrole pour 2025, qui tablent sur une hausse de plus d’un million de barils par jour, semblent désormais optimistes. "Même avec les efforts de réduction de production de l'OPEP+, le marché risque de connaître un surplus", souligne Suvro Sarkar de DBS Bank.
Des signaux mixtes sur la demande
Les derniers chiffres montrent que, bien que la demande ait augmenté en décembre par rapport à l'année précédente, elle reste en deçà des attentes. Les analystes de JP Morgan notent que la croissance mondiale de la demande est inférieure de 700 000 barils par jour à leurs prévisions initiales. En cumul annuel, cette croissance est également moindre de 200 000 barils par rapport à leurs estimations faites en novembre 2023.
Un soutien partiel des exportations américaines
Malgré une baisse des stocks de brut moins importante que prévu – 934 000 barils contre une estimation de 1,6 million – les exportations américaines de pétrole ont grimpé, atteignant 4,89 millions de barils par jour. Cette hausse offre un soutien temporaire aux prix, mais ne compense pas les préoccupations globales liées à la demande.
Avec un dollar robuste, des taux d’intérêt qui restent élevés, et une croissance économique mondiale sous pression, les perspectives pour le pétrole semblent incertaines. Les prochains mois seront cruciaux pour déterminer si l'équilibre entre l'offre et la demande se stabilise ou si le marché pétrolier s'enfonce davantage dans un surplus structurel.
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